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CADRE THÉORIQUE

LES MÉGA-ÉVÉNEMENTS

Afin de bien comprendre les répercussions urbaines de ces Jeux olympiques, il faut comprendre l’origine et les éléments caractéristiques de ce type d’événements nommé « méga-événement ». En effet, ces méga-événements se définissent comme des événements de grande ampleur qui requièrent plus d’un lieu, d’un bâtiment afin d’accueillir une importante masse de spectateurs. (Azzali, 2019) Quelques exemples de cette catégorie de moments événementiels comprennent les Jeux olympiques, les coupes du monde de football et même, à une échelle plus locale, les Jeux du Commonwealth. Cette association à la culture sportive vient porter un regard sur un élément qui peut venir perturber l’harmonie urbaine de la ville, soit la construction d’un nouveau stade. Ces questionnements amènent beaucoup d’opinions franches qui soulignent trois problèmes récurrents des méga-événements.  

 

©Leonard Zhukosvk

LES PROBLÈMES DES ÉVÉNEMENTS DE CETTE ENVERGURE

L'IMAGE DE VILLE

Miser sur une image positive des Jeux Olympiques peut avoir des impacts négatifs sur le plan urbain. 

TEMPORALITÉ COURTE

La durée courte de ces événements et la notion de temporaire en design urbain peut influencer les développements urbains.

L'HÉRITAGE URBAIN

Les traces laissées derrière un méga-événement sont perçues pour des générations futures.

Malgré ces anomalies qu’il ne faut pas prendre à la légère, il est aussi important de voir les méga-événements comme des avenues de positivisme au développement urbain. Même Harry H. Hiller considère que ces épisodes peuvent « promouvoir les agendas urbains, de créer des discussions sur l’héritage urbain, de promouvoir une croissance économique tout en stimulant un redéveloppement urbain favorable à la situation de la ville hôte. » (Traduction de Hiller, 2003) Il est nécessaire de revoir la formule urbaine de ces événements pour s’assurer, dans ce cas-ci, des Jeux olympiques durables et qui répondent aux bienfaits mentionnés par Hiller. Afin de promouvoir cette transformation, Azzali réfère à cinq principes qui permettraient de mieux résoudre ces problèmes et d’apprendre de l’histoire de ces événements pour comprendre leurs impacts. Ces suggestions sont ;

  • Éviter de justifier de vastes interventions urbaines pour accueillir les méga-événements;

  • Expérimenter avec de nouvelles solutions urbaines;

  • Utiliser des installations temporaires comparativement aux permanents surtout lorsque l’usage post-événementiel est incertain; 

  • Intégrer les lieux dans le tissu urbain, et non en périphérie;

  • Assurer d’avoir de bonnes relations politiques et économiques afin de promouvoir une image médiatique favorable et humaine (Azzali, 2019). 

L'IMAGE DE VILLE OU LE « CITY BRANDING » 

Le « city branding » vise la promotion d’une ville comme un attrait touristique de renommée internationale (Spacey, 2016). Plusieurs villes de renommée mondiale possèdent déjà des visions préconçues développées par la communauté internationale. Paris est connue comme la « Ville lumière» tandis que Seattle est surnommée la « Ville émeraude ». Los Angeles, surtout avec ses plans de développement en vue des Jeux Olympiques de 2028, pousse vers une direction où le développement durable et l’innovation sont la prémisse de la nouvelle image de la ville, s’éloignant ainsi de l’image du vedettariat. Le développement durable se caractérise par un développement qui rencontre les besoins de la génération actuelle sans nuire aux besoins des générations futures (Ashworth et Karatzis, 2005). Afin d’obtenir une image de ville durable, il est nécessaire d’intégrer la dimension socioculturelle, économique et environnementale à la ville.  Cela peut comprendre les surfaces, les couleurs, la ligne d’horizon et la démarcation culturelle. La culture et l’économie d’un espace peuvent faire varier l’aspect physique des lieux (Rehan, 2014).   Ainsi, l’image urbaine consiste en plusieurs caractéristiques uniques qui définissent l’espace urbain.

 

La course vers une image de ville positive a pour but trois objectifs, soit de diffusion médiatique d’une prestance qui cherche à être divulguée partout dans le monde, de l’obtention d’avantages financiers à une échelle régionale et de la croissance de sa réputation (Rehan, 2014). Pour répondre à ces objectifs, les équipes derrières cet investissement doivent prendre en considération que le bâti urbain comme un facteur attractif et de promouvoir ce dernier (Helmy, 2008). Rehan propose six stratégies à prioriser lorsque l’attractivité d’une ville est en question. Elles sont;

 

  • L’observation de la forme urbaine et de la présence d’espaces verts et d’espaces commémoratifs;

  • La vie urbaine, l’observation de comment les citoyens expérimentent et vivent les espaces; 

  • Les projets urbains qui sont en cours de construction ou dans un futur rapproché;

  • La mise en valeur de l’environnement bâti historique;

  • La présence d’une architecture signalétique et unique pour la ville qui vient faciliter la diffusion de l’attractivité;

  • L’image médiatique présente et les efforts mis pour son expansion (Rehan, 2014).

 

Pour les Jeux Olympiques de 2028, la ville de Los Angeles mise sur ses stratégies afin d’accroitre son image de marque. En effet, elle promeut;

 

  • La végétalisation de certains espaces urbains délaissés;

  • La vie communautaire que les Jeux apportent, la vie de nuit et l’accentuation de la vie artistique déjà fort présente, mais que la ville pousse son importance dans le paysage urbain;

  • Des projets de développement urbain tels que la revigoration de l’Expostion Park et de l’agrandissement des résidences de UCLA;

  • La promotion du passé historique des Jeux en réutilisant le Los Angeles Coliseum;

  • La réutilisation des infrastructures actuelles permet de promouvoir l’architecture signalétique de Los Angeles comme celle du récent stade de football, le SoFi Stadium;

  • La promotion de cette attractivité à travers les médias, soient celles qui sont récentes comme les médiaux sociaux ou celles qui sont considérées traditionnelles telles que la télévision et les journaux.

 

Avec ces stratégies, la ville de Los Angeles peut obtenir une image de ville positive. Avec une diffusion de l’image de ville positive, il est possible d’avoir une meilleure image médiatique, d’obtenir des avantages économiques et d’accroitre sa réputation à l’échelle nationale et internationale. Avec les précédents jeux et sa réputation culturelle, Los Angeles possède déjà une image positive. L’organisation en charge considère que pour l’amplifier, il faut promouvoir les innovations qui seront introduites aux Jeux de 2028. En effet, ces innovations comprennent une forte utilisation d’espaces déjà construits, les avancées technologiques du Smart-City proposé par le maire, la forte demande de participation collective et de la priorisation de nouvelles infrastructures de transport. Les Jeux de 2028 veulent commencer une nouvelle ère olympienne où la dimension humaine est mise de l’avant. 

©James Carbone

LA TEMPORALITÉ COURTE

Vivre avec l’incertitude plutôt que d’être son résultat est la philosophie derrière la réflexion sur la temporalité des espaces urbains (Keyoma, 2017). En effet, se questionner sur les usages post-événementiels permet de rediriger les investissements sur des éléments qui donnent un essor à la communauté locale plutôt qu’à un comité privé.  C’est pourquoi la ville de L.A. a décidé d’utiliser les stades existants et de requalifier, de façon temporaire, certains d’entre eux, afin d’accueillir d’autres sports. Le Dedeaux Field est un exemple où un stade de baseball universitaire devient la piscine olympique pour la durée des jeux. Les infrastructures pour les jeux peuvent être toujours présentes malgré la fin de l’événement. Avec la temporalité courte, il est important d’avoir la mentalité de la fin du cycle des fonctions des espaces (Keyoma, 2017). L’attractivité des événements de cette envergure ajoute aussi un nouveau problème d’aménagement urbain. Dans la durée des Jeux Olympiques, il y a une réflexion à avoir sur la hausse du flux touristique et des lieux où ils vont résider pour la durée des Jeux. La ville de Los Angeles propose déjà de localiser des logements à UCLA, mais cela ne tient pas en compte des spectateurs qui n’ont pas nécessairement fait le voyage seulement pour les Jeux. La création de nouveaux logements peut nuire à la forme urbaine présente dans la ville, qui est déjà dense, et surtout pour un événement d’une courte durée. 

 

Alors, il faut laisser la communauté décider de l’utilisation des espaces collectifs urbains afin d’obtenir une meilleure efficacité. Un changement du rôle de planificateur urbain est donc recommandé (Oswalt et al., 2013). Il s’agit dorénavant les usagers qui deviennent les metteurs en scène des espaces urbains. Oswalt et al. mentionne que le pouvoir se retrouve dorénavant dans les mains des citoyens où ces derniers façonnent la culture de leur communauté (2013).

 

Bref, la prise de conscience de la temporalité de ces méga-événements et de l’incertitude urbaine post-événementielle permet d’encourager la participation d’une collectivité où leurs opinions peuvent être enfin écoutées. À travers une modification des relations entre les différents cadres publics et la participation collective, il est alors possible d’effectuer des transformations instantanées et temporaires dans un paysage urbain permanent (Keyoma, 2017).  La courte durée des Jeux peut laisser des traces urbaines pour des années, même pour des décennies à suivre.

©LA2024

L'HÉRITAGE URBAIN

Tout d’abord, il faut accorder une importance aux traces urbaines après les jeux puisque ces dernières sont les éléments qui peuvent redéfinir l’image de la ville et des Jeux Olympiques. Le succès des Jeux de Barcelone introduit un nouveau phénomène, soit celui du Modèle de Barcelone (Brownill, 2013). Dans cet exemple, le comité de la ville de Barcelone a poussé pour certaines initiatives, tant urbaines que sportives, afin d’avoir un héritage olympique positif. Dans leur planning urbain, plutôt que de centraliser les infrastructures, Barcelone propose d’étendre les Jeux olympiques à plusieurs noyaux répartis à l’échelle de la ville. Cela a permis de requalifier certaines friches urbaines et des espaces délaissés afin de créer de nouveaux espaces publics communs, dont le Port de Barcelone qui est devenu un nouveau quartier résidentiel (Barcelona 1992 Legacy, 2019). Par la suite, les futures villes hôtes adoptent les principes réussis de ce modèle théorique. Cependant, le problème est que chaque ville est unique, et ce modèle n’est pas nécessairement fonctionnel ailleurs. Avec cela, les villes ne sont pas aptes à répondre à l’objectif principal de ce modèle, soit de moderniser et de transformer la ville de façon ambitieuse et positive (Barcelona 1992 Legacy, 2019). De plus, l’interférence financière économique vient compliquer le concept d’héritage urbain. Les intérêts des fortunés prennent plus d’importance que la communauté qui prône une revitalisation de certains espaces (Brownill et al, 2013). 

 

Le Comité International Olympique (IOC) est conscient de l’importance de l’héritage des Jeux (Jago et al., 2010). Il y a deux objectifs de son agenda 2020 qui font référence à cette notion, soit de promouvoir un développement durable dans les sports et de promouvoir un héritage positif des Jeux Olympiques aux villes et aux pays hôtes (Brown et Cresciani, 2017). Il est maintenant nécessaire, même dans les étapes de sélection, de créer un groupe externe qui a pour mission l’héritage positif et la priorisation de la forme urbaine post-événementielle, telle de prioriser les ajouts urbains dans le tissu plutôt que de les mettre en périphérie, venant créer de futurs problèmes.  

 

Par la suite, l’héritage urbain peut être tant physique qu’immatériel. Elle peut se manifester à travers le rehaussement de l’image, la réponse au climat et la fierté communautaire à l’égard de ces projets. Certaines infrastructures qui sont créées vont rester plus longtemps que l’événement en soi. Cela vient jouer avec la perception que les citoyens de la ville hôte possèdent à l’égard de la réussite de ce méga-événement. Certains pourront considérer que cet héritage physique nuit à l’héritage social et déteint sur les souvenirs gravés dans la mémoire collective de la ville (Brown et Cresciani, 2017).  

 

Pour résumer, les Jeux Olympiques vont laisser un héritage à la ville hôte. Ce dernier peut promouvoir un développement sain, de façon économique et sociale, de la ville ou nuire à l’ambition des projets de développement métropolitain. Il peut tant être physique qu’immatériel, mais peu importe sa manifestation, la ville de Los Angeles se doit de promouvoir une vision positive de ce méga-événement à travers la communauté. 

©Internation Olympic Commitee // 1992

©Kit Houghton

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